quartier libre À raymond ménard
Raymond Ménard, ce journaliste émérite qu’on ne
présente plus à Verneuil, car il en est l’un des citoyens les plus
éminents, nous a fait l’honneur et le plaisir de chroniquer et illustrer notre festival, au jour
le jour lorsque cela lui était possible, et au gré de son humeur. En vraies lignes de partage cette rubrique lui appartenait donc pleinement, ayant tous les droits de
dire, écrire, montrer, apprécier et critiquer ce qu’il voulait et
comme il le voulait, ce que nous n'aurions su faire avec autant de talent.
CHRONIQUE FINALE :
La Vache et le Caribou, derniers billets d’août
La Vache et le Caribou, derniers billets d’août
Toutes les choses ont une fin.
Même les meilleures. Le Festival franco-québécois « La Vache et le
Caribou », quatrième édition, a donc baissé le rideau le dernier jour
d’août. Un vrai feu d’artifice avec le concert donné par la compagnie du Fonsèque
& Co Jazz Band qui a évoqué avec talent les moments importants du jazz
traditionnel. Un moment aussi plein de chaleur, avec l’anniversaire de
Francine Fonsèque qui, à sa manière, perpétue le souvenir fidèle du musicien
talentueux que fut son époux Raymond Fonsèque, partenaire des plus célèbres
noms de cette discipline née à La Nouvelle-Orléans à la fin du xixᵉ siècle.
Sacré meilleur tromboniste de France, Raymond Fonsèque partagea
les grandes heures de Claude Luter, Jacques Hélian, Sidney Bechet, Bill
Coleman, Count Basie, Cat Anderson, et présida le Jazz Club de France dès 1964.
Composition florale et aubade ont conclu en beauté ce rendez-vous musical final
de qualité.
Entourant Francine et son tuba, de gauche à droite, René Gervat, Yves Swartenbroekx, Sandrick de Davrichewy, Marcel Bornstein et Jean-Pierre Dumontier. |
Moment de souvenirs et de fidèles
rencontres, « La Vache et le Caribou » permet chaque année de
renforcer les liens d’amitié qui unissent les partisans de ce rendez-vous
intercontinental. Et les trois semaines du festival ont joué, cette année
encore, le rôle attendu. C’est ainsi que le vendredi 23 août, au silo, Claud
Michaud, qui rendait hommage au grand Félix Leclerc, retrouva, à l’issue du
spectacle, la chanteuse québécoise Hélène Maurice venue l’applaudir. Hélène,
l’année précédente, avait elle aussi donné, sur cette même scène, une soirée de
bonheur au public vernolien en puisant dans le répertoire de Félix Leclerc. Ce
soir-là, en compagnie d’un couple d’artistes remarquables, le guitariste
Dominique Cravic et la chanteuse Claire Elzière, interprète talentueuse des
chansons du malicieux Pierre Louki, le trio avait comblé une salle ravie.
Hélène Maurice, Dominique Cravic et Claire Elzière avaient enchanté le Silo. |
Autre visite inattendue, celle de
Lisette Tardy. La plus célèbre et la plus parisienne des peintres québécoises du
Marais n’avait pas oublié que, à l’été 2010, elle avait eu le plaisir de
représenter la Belle Province à l’Espace Saint-Laurent de Verneuil. Le dernier
jour de ce 4ᵉ festival, elle est revenue sur les bords de l’Avre où nul ne
l’avait oubliée. Accueillie avec enthousiasme par la généreuse secrétaire
d’Adbstar-France, Nicole Boucher, elle a renoué les relations qui la lient à
la Normandie, évoquant des grands moments passés tant à Verneuil qu’à l’Aigle,
où elle exposa au Centre hospitalier.
Toujours aussi dynamique, cette
artiste n’a pas manqué de parler à ses amis du projet culturel et poétique
auquel elle est actuellement attelée. En effet, avec la complicité du grand
pianiste québécois Hugues Cloutier, autre figure bien connue des Vernoliens,
ex-élève et ami de l’émérite Jean-Paul Sévilla toujours attentif à la vie culturelle
de la ville, elle envisage de monter une œuvre importante intitulée « La
puissance du désir ».
Danielle Fournier, écrivaine,
poète et directrice littéraire de la maison d’édition L’Hexagone à Montréal,
sera le troisième élément moteur de ce projet qui ne manquera pas d’éveiller
bien des curiosités et beaucoup d’encouragements de la part du monde des arts.
Lisette Tardy, à droite, en compagnie de Nicole Boucher, à gauche, devant une toile de l’artiste québécoise. |
Un homme heureux au cours de ce
festival, ce fut bien l’organiste Denis Gagné, qui venait pour la première fois
en France. Avant le concert qu’il donna sur les claviers des grandes orgues de
l’église de la Madeleine, le mercredi 28 août, il mit à profit son temps libre
et la générosité de ses hôtes vernoliens, Michèle et Jean-Pierre Thouin, pour
tenter de retrouver ses racines familiales dans le Perche. Son ancêtre
se nommait Pelletier.
Cap à l’ouest donc, avec pour
premier objectif Tourouvre et ses Muséales. En quittant les lieux, il croisa
tout à fait par hasard le directeur général du site de La Chapelle-Montligeon.
Celui-ci contacta le prêtre responsable de ce sanctuaire qui accepta d’ouvrir
les portes de l’édifice. Sa rencontre avec la basilique néo-gothique dominant
la plaine fut pour le musicien québécois un véritable coup de foudre. Il put
découvrir l’orgue de cette impressionnante église. Et Denis Gagné eut la chance
de jouer sur cet instrument, heureux comme un enfant un matin de Noël, devant
ses amis réjouis eux aussi par ces instants de bonheur partagé. Pour son
premier voyage en France, il gardera le souvenir d’avoir pu caresser et jouer
trois instruments français parmi les plus remarquables : les orgues de Notre-Dame de
Paris, celles de l’église de la Madeleine de Verneuil-sur-Avre et le grand
orgue de la basilique de La Chapelle-Montligeon.
Denis Gagné découvrant l’orgue de La Chapelle-Montligeon (photo J.P. Thouin). |
En conclusion, le 4ᵉ Festival La
Vache et le Caribou doit tout son succès au groupe soudé d’Adbstar-France. Au
dévouement de ses membres qui, en ne ménageant pas leur temps, savent
offrir la générosité de leurs relations. Et au travail souvent accompli en
silence par des adhérents sachant se rendre disponibles. On ne peut les citer
tous.
Et pour terminer, il faut adresser
un coup de chapeau à l’ami Moloch, au talent reconnu et apprécié, qui, avec
fidélité, apporte chaque année sa note d’humour pour illustrer les programmes
et les affiches du festival en trouvant toujours des figures renouvelées dans la
continuité.
Michel Clatigny, alias Moloch, à la sortie de son livre La Tête et les balles paru aux éditions Glénat en 1985. (Dessin de Raymond Ménard paru dans le Paris-Normandie du 21/12/1985.) |
⁂
samedi 31 août
Avec un concert de jazz
authentique,samedi 31 août
un final de festival triomphal
Dernier volet du 4ᵉ Festival franco-québécois dit « La Vache et le Caribou », le concert donné, à
l’abbaye Saint-Nicolas, par le Fonsèque & Co Jazz
Band a remporté un joli succès populaire. Il est vrai que cette
formation, composée de musiciens chevronnés ayant participé à la légende du
jazz traditionnel dont était issu leur ami Raymond Fonsèque, a offert, samedi
soir, une session de qualité.
Puisant dans le vaste registre des
morceaux célèbres dont certains hantent encore les mémoires, les six musiciens,
Francine Fonsèque au tuba, qui perpétue l’œuvre de son regretté mari, et ses
cinq acolytes Marcel Bornstein à la trompette, René Gervat à la clarinette et
au saxo, Jean-Pierre Dumontier au trombone, Sandrick de Davrichewy au clavier
et Yves Swartenbrœkx au banjo, ont ravi le public en ressuscitant des morceaux
aussi connus que Go Down Moses, Muskrat Ramble ou bien encore Doctor Jazz
et en seconde
partie Buddy bolden’s blues, Roses de Picardie ou Sweet Georgia Brown.
Le président Fabien Perucca, qui avait eu l’honneur
de présenter le valeureux groupe de musiciens, fut heureux, à l’issue du
concert très applaudi par un public ravi, d’offrir à Francine Fonsèque, présidente
du Jazz Club de France, une jolie composition florale pour fêter son
anniversaire. Un événement qui apportait une conclusion musicale riche en
émotions autant que chargée d’espoir et de partage.
Le Fonsèque & Co Jazz Band en pleine action. |
⁂
mercredi 28 août
Le grand orgue de la Madeleine servi
une fois encore par un maître : Denis Gagné
mercredi 28 août
Le grand orgue de la Madeleine servi
une fois encore par un maître : Denis Gagné
L’église de la Madeleine, avec sa
tour gothique culminant à 56 mètres, s’enorgueillit de posséder sous sa haute
voûte, depuis 1784, un grand orgue signé par l’un des plus valeureux organistes
de l’époque, Jean-Baptiste Nicolas Lefebvre.
Cet orgue, qui a survécu aux
blessures infligées par le temps et l’Histoire, présentait depuis quelques
années des dégradations qui s’accentuaient malgré sa restauration effectuée en
1966 par le facteur d’orgues Erwin Muller.
Fort
heureusement un relevage de l’instrument, c’est-à-dire la
réfection de sa mécanique, le nettoyage des tuyaux et l’accord général, a été
achevé en 2011. Et
une association des Amis des Orgues de la Madeleine veille
aujourd’hui sur ce dernier témoin de l’art de son créateur. Le titulaire de cet
instrument, Jean d’Albi, qui se dévoue également pour la survie des orgues
historiques de la Chapelle Royale de Dreux et Saint-Sulpice de
Breteuil-sur-Iton, a accepté d’offrir à son jeune confrère québécois Denis Gagné
l’honneur de caresser les touches de cet instrument remarquable pour un concert
de musique sacrée qui s’est tenu le mercredi 28 août.
Denis Gagné, originaire de
Montréal mais dont les racines ancestrales se sont développées dans le Perche, a
déjà une solide carrière derrière lui. Ses deux disques, Souvenir de
Paris et Laudate Dominum, témoignent de sa maîtrise et de son talent. Accompagnateur
attitré des chœurs de Saint-Léonard du Québec et de la paroisse Notre-Dame du
Mont Carmel, il a révélé, mercredi, son implication non usurpée dans le monde
liturgique devant un auditoire attentif et particulièrement concerné.
Denis Gagné au clavier du grand orgue vernolien (photo de Jean-Pierre Thouin). |
⁂
samedi 24 août
samedi 24 août
Au Silo : un duo pour
« Rêver dehors »
Ils sont jeunes et appartiennent
tous deux à la génération du bruit. Jimmy Rouleau, chanteur, compositeur et
interprète, et son comparse Hubert Cotton, choriste et bassiste appliqué, tous
deux arrivant de la belle Province du Québec, sont venus, samedi soir, pour
« Rêver dehors ».
Le duo, équipé de ses guitares
reliées aux amplis, se lança à l’abordage de la scène du Silo, laissant libre
cours à un programme de musique moderne pendant lequel leurs mains, telles des
araignées de chair, tissaient sur les cordes des toiles de cris et de
gémissements où la mélodie se terminait trop souvent par la même
onomatopée monotone : la, la, la, la, la.
Cette musique cependant, bien
pensée et interprétée avec brio, aurait sûrement séduit un public jeune. Mais
samedi soir, le public jeune était rare et l’assistance frisait plus l’âge de
la retraite. Et certains auditeurs se demandaient : « La musique
est-elle un bruit ou est-ce l’inverse ? »
Par chance, la seconde partie,
avec ses références à Jo Dassin, à Robert Charlebois, voire à Jacques Dutronc
et ses Cactus, amena l’auditoire à « oublier la tempête pour
faire la fête » comme le dit si bien, dans un de ses textes, Jimmy Rouleau.
Jimmy Rouleau et Hubert Cotton, lors du concert de samedi soir (photo J.P. Thouin) |
Vendredi 23 août
Claud Michaud, chanteur séduisant, musicien délicat, homme de scène complet
Sur scène, dans l’ombre, deux
musiciens : Guillaume Bouchard, contrebassiste, et Francis Covan,
accordéoniste et violoniste émérite. Et puis, fendant le public, arrivant du
fond de la salle avec ses souliers crottés qui l’ont mené de l’école à la
guerre : Claud Michaud. Chevelure bouclée brune, chemise blanche enserrée
dans un gilet sombre, il chante. Et aussitôt le charme opère. L’homme que l’on
sent solide respire la force, et sa voix saisit le public à la gorge. Elle ne
le quittera plus de la soirée jusqu’à lui faire rendre l’émotion qu’elle est
allée chercher jusqu’au fin fond de lui-même.
Avec « L’homme qui
chante », titre du spectacle, Claud Michaud fait revivre le grand Félix
Leclerc. Ce titre sera, sans aucun doute aussi, celui du CD que le chanteur
sortira l’an prochain, lors du centenaire de sa naissance, en hommage à celui
qui fut le précurseur des plus grands serviteurs de la langue
française chantée : Brassens, Brel, Ferré, Ferrat, Vian.
Puisant dans le répertoire des 149
œuvres du « géant de l’île d’Orléans », il n’oublia pas, en les restituant de façon
magistrale, ni de mettre en relief la puissante humanité de cette sève qui
coule dans les paroles, ni la musique poétique du grand, de l’unique Félix. De
la première chanson écrite par ce poète (Notre sentier) jusqu’aux chants de
revendications, de révoltes qui sont les plus beaux et les plus
poignants : L’alouette en colère, Comment tuer un homme, ou bien encore la chanson
réaliste de Raymond Lévesque Bozo les Culottes, il entraîna la salle sur
les chemins du bonheur.
Au Silo de Verneuil, vendredi
soir, Claud Michaud a continué de mettre en valeur l’écriture fascinante de cet
homme aux multiples occupations, aux multiples qualités. Ne fut-il pas tour à
tour sculpteur, chanteur, homme de théâtre et romancier ?
Puis, ajoutant à sa belle voix de basse travaillée ses dons
de polyglotte, le chanteur interpréta un lieder de Schubert ainsi qu’un chant
russe dans un silence approbateur et respectueux. Un silence confirmé lorsque
l’artiste conta de façon poignante un extrait de Pieds nus dans l’aube, le premier roman de Félix
Leclerc, ou lorsqu’il interpréta La drave, cette œuvre révélatrice de la vie difficile des
bûcherons descendant sur les fleuves glacés leurs billes de bois souvent
incontrôlables.
S’inspirant aussi de l’actualité
Claud Michaud évoqua, dans la magnifique chanson intitulée Le train fantôme, un récent et douloureux fait
divers de son pays. Applaudi, rappelé, l’homme, qui devait le lendemain se
produire à Angoulême pour l’inauguration du Festival international du film
francophone, a remercié son public en lui offrant, avec une ultime facette de
son talent, une chanson confiée dans la pénombre du haut de l’escalier de la
scène : un joyau ciselé au coin de la fraternité partagée.
L’an prochain, Claud Michaud sera
en Europe pour un grand tour de chant consacré au centenaire de la naissance de
Félix Leclerc.
Claud Michaud et sa guitare fétiche. |
Guillaume Bouchard, contrebassiste. |
Francis Covan ayant troqué l'accordéon pour le violon. |
Claud Michaud contant Les pieds dans l'aube. |
dimanche 18 août
Monsieur Lazhar : maître d’école de la vie
Second et dernier film du festival
« La Vache et le Caribou », Monsieur Lazhard a ravi le public venu en nombre
pour découvrir cette œuvre du réalisateur québécois Philippe Falardeau apparue sur
les écrans le 28 octobre 2011.
Inspirée d’un drame bouleversant,
une institutrice se suicide dans une école primaire de Montréal en se pendant
dans sa salle de classe, cette œuvre aborde le délicat problème de la
responsabilité, des conséquences d’un tel acte mêlant à la fois l’intime et le
spectaculaire.
Le remplacement de cette
enseignante par un étranger débarquant sans papiers d’Algérie, et lui-même
venant de vivre une tragédie personnelle, renvoie la population à un autre
problème de société d’autant que le nouvel arrivant, restaurateur de métier,
s’appuie sur une solide culture à la fois littéraire et de vie très éloignée de
la pédagogie traditionnelle réservée aux enfants. Monsieur Lazhard, riche de
son expérience, va se heurter au carcan administratif doublé de l’égoïsme des
hommes. L’espoir et l’amour se rejoindront pour permettre à cette belle
histoire d’offrir une fin prometteuse à ce film six fois récompensé.
C’est l’excellent comédien Mohamed
Fellag, né en 1950 dans la Kabylie secouée par le drame de la guerre d’Algérie
ne voulant pas dire son nom, qui interprète le rôle de Monsieur Lazhard avec
une grande humanité. Titulaire du prix Raymond Devos et du prix Génie pour ce
film, il était plus connu jusqu’ici pour ses œuvres pleines d’humour et de
poésie (Djurdjura Bled, Délirium ou bien encore Tous les Algériens sont des mécaniciens, comédie qui avait permis à
Jean-Pierre Ribes de lui ouvrir les portes du théâtre du Rond-Point).
À 63 ans aujourd’hui, Mohamed Fellag s’inscrit dans
la grande lignée d’un Bourvil ou bien encore d’un Jérôme Savary.
⁂
⁂
samedi
17 août
Premier concert
d’envergure : David Ratelle ou
l’enchantement de la guitare
Le premier concert du festival
franco-québécois de Verneuil-sur-Avre s’est tenu, samedi soir, dans la salle de
chœur des moniales de l’abbaye Saint-Nicolas. Endroit insolite s’il en est, ce
lieu, abandonné, de prières et d’offices fut le cadre idéal d’une rencontre
entre un musicien virtuose, en parfaite osmose avec la guitare replongée dans
sa musique d’origine et un public totalement séduit par la découverte de la
richesse de cet instrument et la maîtrise d’un jeune prodige.
Rencontré de façon sonore au
Canada par le dénicheur de talents qu’est notre concitoyen le grand pianiste
Jean-Paul Sévilla, David Ratelle a tout de suite conquis le public par sa
simplicité, la délicatesse de son jeu et le respect des différents auteurs
qu’il eut la joie d’interpréter.
Le public, installé dans les
stalles et le chœur, tandis que derrière lui, le musicien encadré du drapeau
bleu à croix et fleurs de lys blanches du Québec communiait avec les mêmes
fleurs sculptées dans le bois du frontispice, a savouré ce temps passé à
écouter le chemin parcouru par les compositeurs.
Les pavanes de Luys de Milan au xviᵉ siècle, les sonates
cristallines de Domenico Scarlatti évoquant le clavecin, les solides fugues de
Bach écrites pour orgue, la musique souriante et joyeuse de Fernando Sor
soulignant la « guitaromanie » qui galvanisa la fin du xviiiᵉ siècle et le début du xixᵉ, l’inspiration romantique
de Johann Kaspar Mertz dans la première moitié du xixᵉ, les styles néo-classique et néo-baroque au
début du xxᵉ signés de
Manuel Maria Ponce, les œuvres d’avant-garde toutes récentes comme la Conférence
de solstice de
Jean-Philippe Thibault peu révélées au public, et encore la musique descriptive
et révélatrice d’heitor Villa-Lobos et l’hommage à Boccherini de Mario
Castelnuovo-Tedesco se succédèrent à la grande joie de l’assistance. Une
assistance qui fut comblée par l’interprétation du prélude en forme d’étude du
contemporain Claude Gagnon.
David Ratelle, premier prix de
guitare de Montréal en 2012, a donné son premier concert français à la Maison
du Québec de Saint-Malo lors de sa récente arrivée. Il se produira, en l’église
de Saint-Aubin de Tourouvre, le dimanche 25 août, avec un nouveau programme.
David Ratelle berçant à la fois la guitare et le public. |
David Ratelle, en préface, a présenté au public les œuvres interprétées. |
samedi 17 août
Hommage à Hector Sylvestre, parachutiste canadien abandonné par la chance
Après le vibrant hommage rendu,
avec sa famille, à l’aviateur canadien Donald Dufton, par les Vernoliens le
mardi 13 août, pour le soixante-dixième anniversaire de sa disparition, un
groupe local, constitué de membres de l’association Adbstar et de représentants
de la municipalité, s’est rendu, samedi matin, à l’ancien cimetière de la
ville. Là, ces Vernoliens se sont inclinés sur la tombe d’Hector Sylvestre.
Françoise Durand-Laroque, au nom du conseil municipal, fit observer une minute
de silence à l’intention de ce valeureux libérateur de la Normandie qui, après
avoir bénéficié des faveurs de la chance, fut trahi par elle quelques semaines
plus tard. René Dupuis, de son côté, déposa le bouquet du souvenir au pied de
la tombe entourée de deux autres sépultures, celles d’André Chasles et de Marius
Basille, fusillés le même jour que lui.
Une nuit du début juin 1944,
Hector Sylvestre, né le 14 septembre 1921 dans l’Ontario à Sturgeon Falls, au
sein d’une famille francophone, est largué d’un Dakota avec son unité de
parachutistes au-dessus de la Normandie, pour atterrir entre Cabourg et
Sallenelles. Mais l’armée allemande qui se méfie de ce genre d’attaque procède
à l’inondation des basses terres de la Dives, et de nombreux parachutistes
meurent noyés dans ce bourbier meurtrier. La chance sourit à Hector Sylvestre,
sauvé par la barque d’un vacher. Ce dernier le conduit à la ferme des
Vermughen, personnes de confiance qui ont déjà recueilli plusieurs
parachutistes dans des lieux divers. Mais les renseignements remontent
jusqu’aux Allemands qui arrêtent le cultivateur et vingt-deux parachutistes
qu’ils torturent puis fusillent dans la foulée. La chance sourit une fois
encore à Hector Sylvestre qui échappe à la rafle. Par étapes, il est ramené
vers le sud. Le 15 juillet, il se retrouve dans le secteur de
Breteuil-sur-Iton. Pour éviter d’être trahi par ses chaussures, il est confié,
le 10 août, au réseau de Résistance « Quand même » commandé par le
capitaine Thirault, agent immobilier de Verneuil-sur-Avre. Celui-ci lui trouve
un refuge dans la Maison Rouge de Longuelune à Piseux, propriété du maire du
lieu René Guilloux.
Le 16 août, il rejoint un groupe
de résistants qui se cache rue de la Tour-Grise à Verneuil-sur-Avre dans la
cave du marbrier Mahieux pour préparer leur fuite vers les troupes alliées.
C’est là que, le lendemain, il sera arrêté par les SS, torturé puis fusillé
avec ses compagnons de cache, dans le jardin de la mairie où leurs corps seront
retrouvés dans un trou de bombe au lieu-dit Les Barrettes. La chance cette fois
n’était pas au rendez-vous pour le malheureux parachutiste. Elle avait choisi
ce jour-là de réserver ses faveurs à deux jeunes FFI, Jacques Bayet et Jacques
Chasles. Partis à bicyclette à La Mancelière pour accomplir une liaison, ils
furent prévenus à leur retour par la voisine de la marbrerie, Mme Blarre, que
leurs compagnons avaient été arrêtés par les Allemands.
Cinq jours plus tard, la ville
était libérée.
Devant les tombes des fusillés du 17 août 1944. |
⁂
JEUDI 15 août
Dans « l'enfer » de la brocante
Seule manifestation populaire
survivante de l’entre-deux-guerres du siècle dernier, la fête du quartier
Notre-Dame de Verneuil a lieu chaque année à la date immuable du 15 août. C’est
en 1928, dans l’engouement d’une France réapprenant à exister, que fut créé
cet événement appuyant ses bases sur la joie de vivre partagée. À cette
époque, une rivalité bon enfant stimulait la créativité et l’ingéniosité de
chaque quartier de la ville. De grandes fêtes attiraient alors la population
vers ces pôles d’attraction : reconstitutions de faits historiques
(inauguration de la gare, remise des clés de la ville au roi de France), mais
aussi rassemblements populaires sur des thèmes choisis (fête de la terre, fête
de l’aviation).
Après le grand silence du second conflit mondial, une haute
figure du monde de la Résistance, Léopold François, reprit les idées de ces
rencontres en leur ajoutant une dose de solidarité (aide aux anciens prisonniers
de guerre). Hommes et femme se sont depuis lors succédé à la tête du comité du
quartier Notre-Dame (QND). De Henri Dotti à Marcelle Rosse qui, malgré son
grand âge, maintient chaque saison le cap après avoir intégré l’association à
l’aube des années 1960, en passant par étienne
Dugué et Michel Doré, le Comité des fêtes du quartier Notre-Dame reste la seule
organisation qui a traversé le vingtième siècle en s’appuyant toujours sur l’esprit du partage et de l’entraide.
*
Une présidente exemplaire
Une présidente exemplaire
Mmes Rosse, Doré et Mendel |
C’est aussi une façon de montrer à
Marcelle Rosse, cette fille de la terre née à Saint-Christophe-sur-Avre et mère
de trois enfants ayant rejoint Verneuil en 1948, qu’elle a su donner l’exemple
de l’action partagée. Une action qu’elle a toujours menée avec énergie dans
plusieurs autres domaines. Elle a collaboré et collabore encore avec dynamisme
à de nombreuses associations locales : Matpo, l’amicale des donneurs de
sang Roland-Cosneau, le comité de la Croix-Rouge et le QND. Avec celui-ci, elle
assure en compagnie de ses amis la confection de 350 colis destinés aux anciens
du quartier, démontrant ainsi que les notions de solidarité et de partage ne
sont pas encore de vains mots.
⁂ MARdi 13 août
Du cimetière au rond-point :
70 ans après, l'hommage à Donald Dufton
Dans la nuit du 12 au 13 août
1943, le ciel normand vrombissait des vagues de bombardiers alliés partis
d’Angleterre avec leurs charges mortelles pour accomplir leur mission :
détruire la gare de Milan et les usines Alfa-Romeo, nid de ressources
importantes pour l’armée allemande.
Ce vol groupé, plus de cinq cents
avions de la RAF, devait éviter de nombreux écueils avant d’atteindre son
objectif : la poursuite déclenchée par les avions de chasse de la
Luftwaffe et les tirs de la DCA allemande dont les postes, de la côte normande
jusqu’à la ligne de démarcation, rivalisaient de précision.
Les pilotes alliés redoutaient
notamment, en survolant la Normandie, les DCA de Beaumont-le-Roger et d’écluzelles près de Dreux. Cette
dernière, particulièrement efficace, avait pour pointeur un milicien français
connaissant parfaitement la région. La mission principale de cet homme était de
protéger le viaduc de Cherisy qui permettait d’alimenter en munitions et en
renforts, par le rail, les troupes allemandes installées sur les côtes de la
Manche. Il faillit réussir dans sa tâche car le viaduc ne fut détruit que grâce
à un acte de la Résistance locale. Sous les ordres d’un professeur de gymnastique,
Francis Dablin, un petit groupe de FFI réussit à faire sauter l’ouvrage d’art
en trompant astucieusement la vigilance allemande.
Cependant, ce n’est pas la DCA,
mais bien la chasse allemande qui scella le destin de l’équipage du Halifax de
Donald Dufton, dans la nuit du 12 au 13 août 1943. Cette nuit-là, un pilote
allemand du nom de Detlef Grossfuss poursuivit la vague de bombardiers
filant plein sud. Ses tirs de mitrailleuse atteignirent l’imposant quadrimoteur
qui finalement explosa en vol avant de s’écraser en boule de feu dans la plaine
Saint-Denis de Verneuil-sur-Avre. Un lieu qui, au cours de l’histoire, a vu
tant de vies disparaître tragiquement, du Moyen Âge à la dernière guerre
mondiale. Les dépouilles des aviateurs furent enterrées au cimetière local.
*
Silence et souvenir
Silence et souvenir
Dans le vaste champ de repos du
cimetière municipal qui ouvre les portes du Paradis (nom du quartier voisin),
les Vernoliens et leurs invités étaient nombreux pour saluer une fois encore
les tombes de ces sept martyrs qui ont sacrifié leur vie pour que le monde
devienne un jour meilleur. Annie Gauthier, maire adjoint, fit observer la
minute du silence saluant l’héroïsme de ces valeureux aviateurs. Photos et
dépôts de gerbes ont ponctué cette cérémonie.
Une demi-heure plus tard, c’est au
début même du CD 51, à la sortie est de la ville, que tous se sont
retrouvés pour évoquer la nuit tragique du 12 au 13 août 1943 et offrir le nom
de rond-point Donald Dufton à ce carrefour.
Représentant le maire, Olga
Fontaine, particulièrement émue, rappela que « l’histoire s’écrit trop
souvent dans les larmes et le sang, et que notre devoir est de ne jamais
oublier le courage de ceux qui se sont sacrifiés pour lutter contre la barbarie ». L’élue remercia tous ceux
qui perpétuent le souvenir, dont les anciens combattants et l’équipe d’Adbstar,
« car des citoyens sans mémoire se condamnent à revivre les horreurs du
passé ».
Pour conclure cette manifestation, la ville offrit, dans
la salle des mariages de la mairie, le vin d’honneur de la fraternité. Un
moment rafraîchissant qui prolongea dans la détente cet hommage attendu depuis
déjà tant de temps.
Au cimetière, pendant la minute de silence (cliquer sur le photo pour l'agrandir). |
Joseph et James Dufton sur la tombe de Donald, leur frère (cliquer sur le photo pour l'agrandir). |
La plaque du rond-point Donald Dufton dévoilée par les frères de l'aviateur, en présence d'Olga Fontaine représentant la ville (cliquer sur le photo pour l'agrandir). |
*
En marge de cette double cérémonie
Au rond-point Donald Dufton, au
moment où Olga Fontaine, ceinte de l’écharpe tricolore, allait prononcer son
allocution avant que l’on ne dévoile la plaque commémorative, un gros insecte
volant, velu et multicolore, vint virevolter autour de l’intervenante,
exécutant une série de loopings. Malgré les actions protectrices de plusieurs
témoins, l’animal multiplia ses assauts avec entêtement, violonant autour de la
chevelure de l’élue. Peut-être informé de l’événement l’insecte était-il au
parfum ?
Finalement, au bout de quelques minutes, le frelon battit
en retraite pour filer vers un autre… Carrefour. Mais qu’on se rassure, tout le
monde fut sain et sauf et personne n’a eu… le bourdon.
Une heure plus tôt, au cimetière,
sous un ciel d’azur tendu comme un drap, et devant le carré militaire, ils
étaient nombreux les élus de la ville, qu’ils soient de la majorité ou des oppositions.
Mais pas le premier citoyen de la cité, absent. « Comme
d’habitude »,
ont dit les mauvaises langues.
A fortiori, pas de conseiller
général bien sûr. Et cette fois-ci, pas de député non plus, « parti à la chasse
électorale sur d’autres terres », ont confirmé les mauvaises langues.
Heureusement le département était
représenté par le président du Souvenir Français, le colonel Jean-Pierre
Durand, qui mérite les félicitations pour le travail accompli par cette
association pour l’entretien du carré militaire : tombes impeccablement
cernées de blanc et chaque emplacement présentant le drapeau tricolore.
L’armée était également présente avec
le maréchal des logis-chef Thibaut Algans au nom de la gendarmerie locale, son
chef de corps, d’astreinte, étant excusé.
Les anciens combattants de l’UNC,
orphelins de leur regretté président, avaient eux aussi répondu à l’appel avec
drapeaux et décorations.
Et puis, si le maire était absent,
deux élues, ceintes de leur écharpe tricolore, Annie Gauthier, maire adjoint,
et Olga Fontaine, qui déjà en 2010 avait accueilli les frères Dufton, le
représentaient dignement. Une situation qui, phonétiquement, rappela
d’excellents souvenirs aux anciens Vernoliens : cela les rajeunissait.
Autrefois, pour premier édile, ils avaient l’habitude de rencontrer Demaire. Et
gageons que, si l’âge et la santé n’avaient accablé ce dernier, il se serait
fait un devoir d’assister à cet événement historique pour sa ville.
En prolongement des manifestations
officielles du mardi matin, les membres de la famille Dufton furent accueillis
l’après-midi par éliane et René
Dupuis qui, dans leur pavillon de l’avenue Louis-Pasteur, leur firent savourer
la tranquillité du site surplombant l’étang des Forges.
Au rond-point Donald Dufton, avant l'attaque du bourdon… avec deux maires ! (Cliquer sur cette photo pour l'agrandir.) |
René et Éliane Dupuis, troisième et quatrième à partir de la gauche, ont accueilli la famille Dufton en toute convivialité. Cliquer sur cette photo de J.P. Thouin pour l'agrandir. |
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LUNDI 12 août
Accueil et reconnaissance
Les liens, renoués en 2010 par
Adbstar-France et la famille du Canadien Donald Dufton autour du sacrifice
suprême consenti par celui-ci lors de la dernière guerre mondiale, reposent
désormais sur une solide amitié imprégnée de reconnaissance.
Il y a trois ans, les deux frères
de Donald, James et Joseph, s’étaient déjà rendus sur les lieux où leur frère
avait disparu en pleine jeunesse, dans la nuit du 12 au 13 août 1943, abattu
ainsi que son équipage alors qu’ils participaient à une mission à bord de leur
Halifax. À cette occasion, James et Joseph Dufton avaient inauguré la plaque
posée au cimetière.
Les recherches entreprises par
Adbstar-France avaient permis de recueillir de nombreux renseignements et,
forte de cette richesse, l’Association avait promis de rappeler de façon encore
plus tangible le souvenir de ce valeureux aviateur ayant perdu la vie pour que
la France et la Normandie retrouvent leur liberté. Cela en donnant, le jour du
soixante-dixième anniversaire de sa mort, le nom de Donald Dufton à une future
extension de la voirie vernolienne.
Dimanche 11 août, vers
15 heures, les quatre premiers Canadiens dont James et son épouse Susan
avaient été accueillis à la gare SNCF. Lundi, au fil des heures, Joseph et Joan,
leur fils Gregory, leur belle-fille Deborah et trois autres parents venus
d’Angleterre et de Nouvelle-Zélande les ont rejoints par la route à Verneuil.
Le soir même, une trentaine de convives, famille Dufton comprise, a partagé le
repas de l’amitié au Grill Saint-Martin. Ce fut une soirée réussie et
mémorable, chacun évoquant les souvenirs douloureux, malheureux et héroïques de
cette période où tous vivaient dans l’espoir.
(Les trois photos suivantes sont
signées Jean-Pierre Thouin.)
À la gare, de gauche à droite : Michèle Thouin, Rita, Susan, René Dupuis, Olga Fontaine, Wanda, James Dufton et Nicole Boucher. Cliquer sur la photo pour l'agrandir. |
Au Grill Saint-Martin, de gauche à droite : Evelyn, James, Joseph, Wanda, Fabien et, derrière lui, le guitariste québécois David Ratelle. Cliquer sur la photo pour l'agrandir. |
Au Grill Saint-Martin, de gauche à droite : Michel Bourre, Nicole Boucher, Catherine et Thierry Delporte, Françoise Ayrault. Cliquer sur la photo pour l'agrandir. |
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DIMANCHE 11 août
DIMANCHE 11 août
La vie à la force du poignet
S’associant au festival « La
Vache et le Caribou », le cinéma Le Trianon a présenté, dimanche soir, le
premier des deux films canadiens prévus pendant ce festival : Starbuck. Ce titre, composé de deux mots
anglais fusionnés, star (étoile) et buck (mâle en parlant de lapin, de lièvre ou de daim),
exprime dans le langage plein de verdeur du Québec la qualité reconnue d’un bon
géniteur : un bon mâle.
Cette comédie récente (2011) du
cinéaste Ken Scott, inspirée d’un fait de société moderne, démarre à la manière
d’un conte de Boccace mais s’appuie très vite sur l’humour du temps qui arrange
bien les choses. David Wosniak, toujours en quête d’un moyen lucratif pour
gagner sa vie, a vendu très jeune son sperme. Vingt ans plus tard, il se
retrouve être le père anonyme de plus de cinq cents enfants dont cent cinquante
souhaitent le connaître. Mais cela arrive juste au moment où sa petite amie
Valérie attend pour la première fois un enfant de lui…
Ken Scott, bien servi par ses comédiens, notamment Patrick
Huard et Julie Le Breton, louvoie entre les écueils d’une histoire qui pourrait
facilement déraper. Mais en s’appuyant sur les bons sentiments, le réalisateur
réussit à en faire une œuvre pleine de verve et, au bout du compte, la morale
est sauve et le public a bien ri.
Vendredi 9 août
À la poursuite des nuages
avec Laurent Garnier
De sa tanière de la Tourillière à
Rueil-la-Gadelière, le grand fauve Maurice de Vlaminck aimait traquer les
nuages normands se bousculant « comme chassés à grands coups de pied
dans le cul par le Père éternel » comme le rappelait, lors
de l’inauguration du buste du peintre en octobre 1962, le grand critique d’art
et collaborateur du Canard Enchaîné que fut Florent Fels.
Laurent Garnier, photographe
normand, Trouvillais inconditionnel, donc enfant de la côte, s’est attaché aux
pas d’un autre grand peintre, le Honfleurais Eugène Boudin, considéré comme
« le maître des ciels » par Corot, pour découvrir la marche des nuages
normands.
Des falaises du Tréport ou d’étretat jusqu’au Mont-Saint-Michel, Laurent
Garnier, cet émule de Robert Doisneau qu’il eut la chance de croiser, nous
offre une invitation apéritive de son art. On a tout dit sur cet amoureux de la
photo et il mérite les compliments élogieux prononcés à propos de ses œuvres.
Cependant en découvrant la vingtaine de clichés (qui n’en sont pas), mais qui
révèlent la personnalité de l’artiste, on reste sur sa faim. Ceux qui ont eu le plaisir de rencontrer ce maître de la prise de vue lors du vernissage, vendredi,
ont pu apprécier ce rendez-vous avec un homme passionné, épris de son art et
qui sait en parler avec lyrisme et poésie. Mais ses réalisations auraient
mérité un espace plus vaste pour que l’esquisse devienne un tableau complet de
la richesse de la course des nuages le long des côtes normandes.
Certes, on a savouré la mouette jouant les stukas
piquant sur la façade bien sage d’un Honfleur privé de ses enfants terribles
Alphonse Allais et Erik Satie. Mais on aurait aussi aimé ressentir l’odeur d’un
Dior du haut de l’espace de Granville ou découvrir dans les lignes d’un Victor
Hugo le soleil se couchant sur la pointe de Barfleur.
Ce sera notre premier regret.
Le second, celui que l’ascenseur
de la bibliothèque Jérôme Carcopino ait choisi cette période estivale et donc
de découvertes pour tomber en panne et offrir l’ascension syncopée des
cinquante marches de son escalier afin d’atteindre le seuil du paradis promis à
tous.
Enfin, une prière : que la
prochaine venue de l’artiste dans notre ville se fasse dans un lieu plus
adéquat pour que les visiteurs puissent découvrir le charme poétique des côtes
normandes dans leur ensemble et gagnent vraiment la… première Manche.
Laurent Garnier présentant ses œuvres. |
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JEUDI 8 août
JEUDI 8 août
Le cœur à l’ouvrage
L’ultime réunion de travail du
conseil d’administration de l’association Adbstar-France s’est tenue, ce jour,
sur la terrasse accueillante, avenue Pasteur, de René et éliane Dupuis. De ce point dominant
l’étang des Forges qui, à ces heures de fin d’après-midi, prend des allures de
mini-Saint-Laurent avec ses méandres esquissés, où jouent canards et autres
hérons, la rencontre fut sérieuse.
Là, le Conseil au complet autour
du président a apporté les dernières touches pour la mise en route et l’accueil
du Festival « La Vache et le Caribou ».
L’enthousiasme généreux de Fabien,
parfois freiné par la réalité économique de la manifestation, a trouvé le
sillage raisonné d’une secrétaire attentive ou d’un trésorier réaliste.
Détails précis, poste de chacun
peaufiné, le carnet de route de l’accueil et de l’hébergement des artistes québécois ont été cadrés afin que la réussite soit au rendez-vous.
Les tâches bien réparties, chacun
prenant à cœur son rôle et sa fonction, il fut notamment proposé, pour ceux qui
le désireraient et après accord des onze membres de la famille Dufton, de
partager, lundi soir à partir de 19 heures, le dîner au Grill
Saint-Martin. Une façon particulièrement élégante de marquer notre amitié envers la famille du jeune aviateur Donald, dont la vie s’est arrêtée le 13
août 1943 sur les terres de Verneuil, à hauteur de la ferme Lambert, à la
Saint-Denis.
Le mardi 13 août d’ailleurs, à
11 h 30, au carrefour formé, à l’entrée est de la ville, par la route
de Damville (qui prolonge l’avenue du Maréchal-Leclerc) et la rue menant du
nouveau centre commercial à la rue de la Petite-Vitesse, aura lieu
l’inauguration du rond-point Donald Dufton. Il est souhaitable que les
Vernoliens soient nombreux à assister à cette cérémonie marquant une page
relativement récente de l’Histoire de la ville et des liens qui l’unissent à
nos cousins d’outre-Atlantique.
À demain pour l’ouverture du
festival avec le vernissage, à 17 heures, de l’exposition photographique
de Laurent Garnier à la bibliothèque Jérôme Carcopino : « La
course des nuages ». (Entrée gratuite.)
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mercredi 31 juillet
mercredi 31 juillet
Dès le 9 août
prochain, les trois coups d’ouverture du 4ᵉ Festival franco-québécois « La
Vache et le Caribou » vont retentir. Pendant vingt jours de réjouissances,
la bonne ville de Verneuil-sur-Avre va vivre sous le double signe de la
convivialité et de la qualité.
Pour vous le
confirmer, n’oubliez pas de consulter le programme et le site de ce sympathique
rendez-vous.
La vache et le
caribou, animaux emblématiques, seront toujours présents. Mais cette année, ils
seront accompagnés par de lointains membres de la famille : l’ourse
polaire si chère à nos cousins d’Amérique et le taureau camarguais expert en
corrida, venu tout droit du Sud, seront là pour prolonger et renforcer cette
chaîne d’amitié que l’on souhaite voir perdurer.
Avec eux, au fil des
jours de ce mois, nous tenterons de recueillir tous les billets d’août que nous
offrira ce festival si cher au cœur du président Fabien et de tous ses amis qui
l’entourent de leur affection.
Et tout d’abord,
présentons donc nos deux nouveaux invités :
L’ourse polaire
Une jeune ourse polaire
S’ennuyait sur la banquise,
Et pendant des heures entières,
Rêvait de terre promise.
Voulant changer d’horizon,
Un beau jour elle s’embarqua.
Un iceberg vagabond
Vers le sud la transporta.
Dérivant pendant des mois,
Fatiguée, elle atteignit
Un étrange et vieux pays
Couvert de bois et toundras.
À l’orée de la forêt,
Se glissant dans les bruyères,
De bien curieux congénères,
Des grands ours qui, dans la
neige,
Gris et bruns, roux ou bien
beiges,
Se déplaçaient pas à pas.
Elle en fut toute retournée
Et bienheureuse à la fois,
Car ici les ours se suivent
Et ne se ressemblent pas.
*
Le taureau camarguais
De mémoire d’Espagnol,
On n’avait jamais vu cela :
L’animal en entrant dans l’arène
Avait annoncé la couleur.
Effectuant un tour de piste,
Il avait proclamé :
« Je suis un taureau
communiste. »
Dès lors,
Ce fut le toréador qui vit rouge.
Il fonça, cape en avant, tête la
première,
Avec son habit de lumière.
Le taureau regarda, s’écarta,
Esquiva
Et l’homme se planta
Dans la poussière…
Quelle corrida !
La Reine,
Alors, entra dans l’arène.
« La Reine ! » s’exclama aussitôt
La foule des aficionados
En suspendant ses bravos.
Et la Reine parla
Tout bas à l’animal
Qui s’inclina.
Le toréador fut, par quatre
chevaux ambulance,
Tiré dans le plus grand silence.
Et le taureau salua
Et s’en alla
Quittant l’arène.
Et la Reine à son tour
Quitta l’arène,
Satisfaite.
Elle avait bien l’oreille du
taureau !
On est sûr de ne pas être déçu !
RépondreSupprimerJCL